Le fer, au-delà de son rôle majeur dans le transport de l’oxygène, est indispensable

  • au bon fonctionnement de la mitochondrie
  • aux défenses anti-infectieuses
  • à la synthèse de plusieurs neurotransmetteurs.

Bien avant de produire une anémie, le déficit en fer peut entraîner une baisse de l’énergie et des capacités intellectuelles.

Néanmoins,

le fer est aussi un puissant catalyseur d’une réaction menant à la formation de l’un des plus toxiques des radicaux libres, le radical hydroxyle (OH°), particulièrement dangereux pour l’ADN. Par ailleurs il augmente la nocivité d’un radical à longue demi-vie, capable de réaliser des dégâts à distance, le peroxynitrite (ON00°).

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Le fer est non seulement un violent pro-oxydant, un très puissant pro-inflammatoire mais aussi un facteur de croissance des virus, bactéries, champignons, parasites et cellules cancéreuses.

Autant, il faut éviter une carence en fer, autant, en recevoir trop par l’alimentation (la source principale étant la viande) accroît le risque de survenue de pathologies aiguës et chroniques.

Si les femmes vivent en moyenne sept ans de plus que les hommes et ont moins de cancers (une femme sur quatre contre un homme sur trois), c’est principalement parce que chaque mois, avec leurs règles, elle perdent aussi du fer. Les hommes, de leur côté, pourraient se protéger en mangeant moins de viande et en donnant leur sang dans les centres de transfusion régulièrement, ce qui leur conférerait les mêmes avantages.

Etudes :

Plusieurs études montrent que lorsque les apports ou les stocks en fer sont élevés, les risques de maladies cardio-vasculaires sont augmentés.

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Des apports élevés en fer sont corrélés à une augmentation de risque de 10 cancers. Une revue d’études met en avant que des apports élevés en fer augmentent les risques de cancers du

  • sein
  • colon
  • l’oesophage
  • l’estomac
  • rectum
  • vessie
  • lymphome d’Hodgkin

Le fer joue aussi un rôle important :

  • dans la dégénérescence cirrhotique du foie
  • dans l’inflammation hépatique liée à l’exposition aux polluants (activation des cytochromes P450 à fer)
  • dans la destruction articulaire lors de l’arthrose et des polyarthrites rhumatoïdes (métalloprotéases à fer)
  • dans les destructions neuronales qui ont lieu lors des maladies de Parkinson et d’Alzheimer.
  • II sert de facteur de prolifération aux bactéries, aux virus et aux cellules cancéreuses. Etude  :

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Autant il existe des situations de surutilisation de fer comme la croissance rapide du petit enfant ou la grossesse, pendant lesquelles il est important de corriger les déficits, autant il apparaît dangereux de proposer du fer dans une supplémentation de prévention, comme on le trouve dans la plupart des complexes multivitamines « tout-en-un », alors qu’il n’existe pas de déficit.

Etude :

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Ceci d’autant plus que le fer catalyse l’oxydation de la vitamine C qui y est associée, la détruisant et engendrant des radicaux libres. Par ailleurs, il détruit toutes les autres substances antioxydantes. II est le plus puissant antagoniste connu de l’absorption du zinc, aussi présent dans ces suppléments multi-minéro-vitaminiques.

Lorsqu’il y a déficit, il est bien sûr nécessaire de le corriger, mais chaque fois que possible par l’alimentation et si un complément de fer doit être pris, il doit l’être à distance du zinc et des antioxydants.

Par ailleurs, la fourchette optimale du statut en fer est certainement beaucoup plus étroite que celle qui a été proposée jusqu’à présent. On sait qu’en dessous d’une ferritine à 12, les réserves hépatiques sont épuisées.

II apparaît raisonnable de proposer une ferritine entre 30 et 100.

En dehors de l’hémochromatose, il reste à définir le seuil à partir duquel il serait souhaitable de prendre des mesures pour réduire la réserve hépatique en fer.

II semble que ce soit une ferritine autour de 200 ou un coefficient de saturation de la transferrine supérieur à 35 %.


En cas d’excès de FER :

  • réduire les apports en viandes, en foie
  • ne pas prendre de vitamine C après des repas riches en fer
  • prendre du thé vert qui est, au contraire, antagoniste de l’absorption du fer
  • donner son sang, jusqu’au retour à une ferritine entre 50 et 100

En cas de manque  de FER :

  • éviter les compléments en fer, à double tranchant (on les réserve pour les cas excptionnels où l’on ne peut pas faire autrement, comme celui d’une végétarienne enceinte carencée)
  • privilégier les sources alimentaires mieux absorbées et mieux tolérées
  • prendre un complexe contenant de la vitamine C à la fin du repas et le thé vert à distance des repas
  • chercher à contrôler les pertes sanguines (règles abondantes, etc…)

Pierre Van Vlodorp

… avec la collaboration du Dr. Jean-Paul Curtay